22 octobre 2015 à 18:03
[2014-2015] Un derby pas comme les autres ...
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http://lamadjer.blogs.francefootball.fr/2014/11/21/un-derby-pas-comme-les-autres/
Merci à Loïc pour son article
Quelque part dans l’Allier, l’Union Sportive Saint-Victor. Son équipe féminine, son école de foot labellisée, son « champ de patates » qui lui sert de terrain, son équipe A qui brille en Elite et ses 4 équipes seniors. Événement inédit dans la région et même plus encore, l’équipe D de l’USSV recevait … l’équipe C de l’USSV. Un derby pas comme les autres en troisième division de district.
« Dans les sports d’équipe, match qui oppose deux clubs voisins. » La définition du mot ‘derby’ dans le Petit Larousse est claire. Des exemples, il en existe à la pelle : Atletico Madrid – Real Madrid, Chelsea-Arsenal ou Inter Milan – Milan AC. Mais à Saint-Victor, ‘derby’ peut prendre un autre sens. Celui de« match qui oppose deux équipes du même club ». Car en ce premier dimanche de novembre, l’équipe D de l’USSV reçoit … l’équipe C de l’USSV. « Une première en France » lance Laurent derrière la buvette. Il est vrai que ce cas de figure est extrêmement rare. Pour trouver la trace d’un tel derby, il faut se rendre en Belgique, où deux équipes du RSC Naast s’étaient affrontées en Coupe de Belgique. Mais alors, comment est-ce possible dans un pays où même Paris ne compte pas de derby ni en Ligue 1, ni en Ligue 2 ? En début de saison, l’USSV engage 3 équipes seniors. Fort de ses 225 licenciés – environ 10% de la population de la commune – dont 100 seniors, le club se voit obligé d’ouvrir une équipe D qui disputera le championnat de 3ème division de District, le plus faible niveau du département. Pour compléter une poule de 9 clubs et pour éviter de disputer des matchs à l’autre bout de l’Allier, l’équipe D de l’USSV est intégrée au groupe A de 3ème div’. Ses principaux adversaires ? Désertines 3, Verneix, Villebret et … Saint-Victor 3. Le derby USSV D – USSV C était alors inévitable.
Christophe et Laurent sur le pied de guerre à la buvette.
Rendez-vous à 12h pour un match à 13h, en levé de rideau de l’équipe B, stade de l’oiseau. Derrière, des champs. A gauche, des champs. A droite, des champs. Devant, un circuit automobile pour des voitures télécommandées. L’USSV a beau avoir 100 licenciés chez les seniors, cela n’empêche pas les problèmes d’effectif. A moins de trente minutes du coup d’envoi, l’équipe C ne compte que 10 joueurs. Les excuses ? « Anthony il est pas là, il y a un concours de pétanque cet après-midi !» pour l’un. L’autre enverra un sms à 17h45 « j’ai zappé, je pensais que c’était à 15h ». Branle-bas de combat. Et réunion de crise entre Pat’, l’entraîneur-joueur de la C etTatave, coach de la D.
« – Il te manque quoi ?Il me faudrait un attaquant
- Tiens, je te donne Etienne
- Merci. J’ai besoin d’un mec pour jouer sur un côté.
- Si je te donne Gousse d’ail, ça va ?
- Parfait. Merci. »
Judas, club libertin et doublé
Devant les vestiaires, c’est l’entente cordiale. Ou presque. L’équipe D recevant, elle prend place dans « les grands vestiaires » alors que la C se contente du « petit vestiaire ». Alors que les deux joueurs changent de vestiaire et de maillot, les noms d’oiseaux pleuvent. « Connard », « traîtres »ou encore « Judas ». Les chaussettes vertes qui ne recouvrent pas encore les protège-tibias et le sourire aux lèvres. « On fera la vérif’ des licences »surenchérira Nico, le gardien de la C, avant de conclure par un « On pourrait avoir la clef des vestiaires pour le fermer, on n’a pas confiance en l’équipe adverse ». Direction l’échauffement.
Les frères Defet au coude à coude
13h. Les deux équipes sont en place et dans chaque camp, deux frères.Vincent avec la C, Jérémy avec la D. Et sur le banc de la C, le troisième frère,Lucas, 16 ans qui officie comme entraîneur. Avant que Vincent, le défenseur central, ne s’occupe de son grand frère, attaquant remplaçant de la D, le match part sur des chapeaux de roue. Le surnommé Bouliche se procurera la première occasion pour la D dès la troisième minute. Étonnant puisque c’est bel et bien la C qui « joue la montée » alors que la D est là « pour s’amuser ».
Mais sur le terrain, aucun cadeau. Les coups pleuvent et les esprits s’échauffent. Le calme – relatif – reviendra assez rapidement. Sur le banc de touche, c’est la même chose. « Une fois que je suis sur le terrain, j’ai plus de copains, je connais personne et je joue sérieusement » explique Gousse d’ail sur le banc. Pas question de laisser gagner l’équipe adverse. Même pour aider la C à monter. La D est plus tranchante et plus vive. Mais plus maladroite.
Etienne, initialement prévu avec l’équipe D, ouvre le score pour la C à la 21ème minute suite à un centre en retrait tranquillement repris. Deux minutes plus tard, même occasion pour la D, invraisemblablement loupée. Peu importe, Bouliche, d’une percée en solitaire, vient égaliser à la 27ème minute. Le score en reste ici pour la première mi-temps. En deuxième, le niveau baisse clairement. Les causes ? L’état du terrain et la baisse physique des joueurs. Sauveur de la C et bourreau de la D, Etienne inscrit le but de la victoire à la 69ème minute. Encore tranquillement à la réception d’un centre en retrait. Centre en retrait, sécurité.
Etienne, le double-buteur peut être heureux.
Dans les dernières minutes, et devant une cinquantaine de spectateurs, l’équipe D poussera. En vain. Le surnommé Choup’s tentera bien sa chance de loin mais sa frappe atterrira dans les sapins. 13H50, fin du match. Dans les vestiaires, les visages sont souriants. Cependant, pas question, pour la C, de fêter cette victoire et de chanter. Heureux des 4 points remportés mais déçus du jeu proposé. « C’est pas normal, c’est ça qui nous manque à chaque fois de marquer des buts. On est tout seul devant le but et on se cause pas »déplore le gardien de la C. Gousse d’ail a également son explication « pas mal de joueurs de la C ont pris le match à la légère alors que la D a joué le jeu à fond et s’est donnée à 200% ».
Un derby comme celui-ci ne peut s’arrêter ainsi. Les 25 joueurs présents sur la feuille de match pourront refaire le match. Sans Eugène Saccomano. Mais avec quelques whisky-coca dans le gosier jusqu’à 21h, heure à laquelle le stade et surtout le club-house fermera ses portes. L’occasion pour un joueur de la D de déclarer « on n’a pas pris de plaisir mais c’est mieux qu’avant » et l’occasion pour Bouliche de distribuer les cartes de visite du club échangiste visité la veille. Avec un « J’en ai chopé une de 47 ans et une autre de 40 ans hier. On peut dire que ce week-end j’ai marqué trois buts du coup. » en guise d’au-revoir. En attendant de se retrouver le 27 mars prochain pour le match retour.
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